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Le Diable au Coeur - Film (2020)

Film de Christian Faure Drame 1 h 33 min 9 décembre 2020

Catherine Borowiak, la petite cinquantaine, est directrice d'une agence du Service Pénitentiaire d'Insertion et de Probation (SPIP). Alors qu'elle est en charge du dossier de Hugo, un jeune homme de vingt ans, récemment sorti de prison, elle laisse s'installer entre eux une relation dangereuse. Quand elle prend conscience du péril que représente pour sa famille et son mariage sa passion dévastatrice pour ce jeune homme manipulateur et dangereux, sera-t-il encore temps d'éviter le pire ?

Film Le Diable au Coeur - Film (2020)
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Ce film est à l'opposé de nombre de navets qu'on doit subir de plus en plus à la télévision : talentueux. A l'opposé de la maison de repos pour acteurs sans ambition genre "César Wagner". Il eut pu aussi s'appeler "Meurtre au Havre" autre production abêtissante genre copier/ coller (à moins que la ville ait déjà donné pour cette série neuneu) Auquel cas j'aurais été voir ailleurs si la prairie était plus verte. Mais tout de même, celui qui a trouvé ce titre bébête ne s'est pas foulé : non seulement il a déjà été pondu, mais il est peu représentatif de cette belle et sombre histoire. Un peu comme un resto dont la vitrine serait défraîchie avec des vitres sales alors qu'on y mange bien. C'est donc plus la présence de Zabou Breitman au générique que le titre et la "réclame" qui m'ont incité à enregistrer (comme toujours) ce film que j'ai visionné en léger différé. Ce film n'est pas un polar, mais une dramatique.Pour ceux qui n'accrochent pas tout de suite à un film, l' action se déroule dès les premiers instants on voit une femme allongée gisant dans son sang... Tout le reste n'est qu'un flash-back ininterrompu (ouf !) sur les circonstances qui font qu'on en est arrivé là, et dont, comme à mon habitude, je ne vous piperai mot...On ne subira donc pas le yo-yo agaçant du avant-pendant. Cette fois-ci, Christian Faure, le réalisateur, a eu la main heureuse ou chanceuse. Et a abandonné avec bonheur le sujet de l'homosexualité (enfin) Pas facile d'être tâcheron à la TV, mais à 60 ans, il a du métier avec pas moins de 33 films télé et un pour le grand écran. Et il a bénéficié pour le coup d'un excellent scénario concocté par le romancier Bernard Minier, qui l'a écrit (à quatre mains) avec son habituelle complice : Laura Muñoz. Exercice difficile, souvent stérile, mais le résultat est ici une petite merveille... Le tandem se connaît et on a droit à un drame cohérent, deux intrigues simultanées, et une histoire simple : pas besoin d'avoir Bac 5 pour comprendre. On se laisse glisser petit à petit dans une histoire où la tension et l'angoisse vont croissantes et on vit un cauchemar tout éveillé... Il y a des rebondissements, le rythme est soutenu et on est aux antipodes des séries alimentaires précédemment décrites. Les images sont belles voire parfois un peu poétiques comme avec ce tramway dont on entend le ding-ding tinter, mais d'une manière enrouée... Dommage, il eut pu jouer un rôle plus actif (comme dans "Un tramway nommé désir"... Faure en a décidé autrement. Seule faute de goût à laquelle beaucoup de réalisateurs cèdent actuellement : les prises de vues par drone. Ce gadget devient aussi incontournable dans les nouvelles productions que jadis le "fish-eye" dont il était de bon ton de sacrifier à la mode. Or ses vues sont bien trop plates comme écrasées, et plus monotones qu'avec une nacelle mobile : les prises de vues d'un drone sont aussi froides et plates qu'une carte Michelin qui serait en noir et blanc : laissons les à la maréchaussée. Josée Dayan pourtant mieux inspirée habituellement, nous inflige ça aussi désormais dans ses "Marleau"... Agaçant à la longue et plutôt voué aux documentaires. Tous ces atouts dans préliminaires auraient été vains si les comédiens ne s'étaient pas appropriés l'histoire : mais dans le casting, le meilleur côtoie le pire ! Le meilleur, c'est Zabou... Ce n'est pas la première fois que j'encense l'artiste mais ici, on a l'impression que le rôle difficile, parfois osé, qu'elle joue ici, a été écrit pour elle ! Ou alors l'intégration rapide du personnage est due à son talent ? Toujours est-il qu'on a de l'empathie pour cette brebis égarée, éperdue. Les personnages sont durs, secs et cassants comme la Justice. D'ailleurs c'est dans cet environnement qu'on navigue ici en eaux troubles. Yvon Back s'en sort lui aussi très bien dans un rôle ingrat et pas évident, encore qu'on se demande pourquoi l'avoir affublé de ces horribles lunettes ? Un juge doit-il donner l'apparence d'une "peau de vache" ? Mais pour moi la révélation aura été la prestation de Maxence Danet-Fauvel qui m'a créé la même surprise que quand j'ai assisté à la première prestation cinématographique de Belmondo... Le jeune mannequin de 27 ans 'et qui ne les fait pas) en est ici à ses quasi-débuts dans la comédie, et quelle aisance, quel naturel, et quelle "gueule de cinéma" Certes, tout mannequin est forcément exhibitionniste, mais ici il ignore la caméra, et se livre corps et âmes dans un rôle ingrat et antipathique normalement laborieux à incarner. Je ne dirai pas autant de bien de Félix Lefebvre qui ne m'a pas, mais alors pas du tout convaincu : comme à côté de son personnage. Même constat pour Lulla Cotton-Frappier qui joue faux comme pas permis qui m'a rappelé le "Ou suis-je" de Louis Jouvet. Long Distance Production, French Cancan Productions... Je n'y comprends pas grand-chose dans le labyrinthe des commanditaires, mais à coup sûr, voici une production qui nous sort du fonctionnariat auquel le service public nous avait habitués ! Elle méritait même le grand écran ! On en redemande... Echange dix "Wagner" contre une seule de ce genre... France 2 le Me 09.12.2020