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Paris Stalingrad - Film (2021)

Film de Hind Meddeb et Thim Naccache 1 h 28 min 26 mai 2021 (France)

Ce film est un portrait de Paris vu par Souleymane, 18 ans, réfugié du Darfour. Arrivé en France après un périple traumatisant de cinq longues années, la « ville lumière » dont il avait rêvé, loin de répondre à ses attentes, lui inflige de nouvelles épreuves. A la dureté des situations, répond sa poésie douce-amère.
En suivant Souleymane, le film retrace le parcours des migrants dans Paris : les campements de rue, les interminables files d’attente devant les administrations, les descentes de police et la mobilisation des habitants du quartier pour venir en aide aux réfugiés. La caméra témoigne d’une métamorphose d’une ville et nous montre l’émergence de nouvelles frontières intérieures : des kilomètres de grillages pour rendre inaccessibles les allées sous le pont du métro aérien, des pierres pour empêcher les migrants de s’allonger, des rondes de vigiles pour les déloger.

Film Paris Stalingrad - Film (2021)
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Les migrants... Englobés par un pluriel qui les noie, quand la Méditerranée ne s’en est pas déjà chargée... Unifiés en une vague que d’aucuns présentent comme un risque de submersion et qui les confond avec les quelques terroristes qui, parfois, infiltrent malheureusement leurs rangs... Le pari de la documentariste Hind Meddeb est tout autre et prend radicalement le contre-pied de ces représentations puisque, secondée par Tim Naccache, elle focalise son regard sur les campements sauvages aux abords de la station de métro Stalingrad, au nord de Paris. Territoire d’un naufrage humanitaire, autour du nom glorieux qui rappelle la grande victoire des troupes soviétiques contre l’axe nazi qui assaillait la ville.

Commentant parfois les scènes en off de sa voix douce et posée, Hind Meddeb filme le désarroi des associations de soutien aux migrants, totalement submergées par le nombre des demandeurs d’asile. Elle filme la vie précaire des campements, aux différentes heures de la journée, les démantèlements à répétition dont ils font l’objet, leur relégation, toujours un peu plus loin du centre urbain.

Quelques figures surgissent et prennent un visage singulier, notamment Souleymane, parti d’un Darfour à feu et à sang à l’âge de treize ans et gagnant enfin la France, cinq ans plus tard. Deux Parisiennes, œuvrant activement pour la défense et le soutien des réfugiés, se distinguent également, la cinéaste Valérie Osouf et Agathe Nadimi.

En quatre-vingt-six minutes, le documentaire, accompagné quelquefois par la lecture des poèmes endoloris de Souleymane, permet de sonder la détresse de ces populations qui ont choisi l’exil, attirées par un Paris de légende et de carte postale. Il dresse un constat terrible et mesure la lâcheté de gouvernements qui laissent ces êtres humains fuyant un contexte invivable rêver à la possibilité d’une vie meilleure sur des territoires où celle-ci s’offre si rarement à eux.