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Une autre idée du monde - Documentaire (2021)

Documentaire de Bernard-Henri Lévy Politique 1 h 34 min 22 juin 2021 (France)

Nigéria, Ukraine, Somalie, Grèce, Bangladesh, Kurdistan, Libye, Afghanistan... Pendant que l’Occident se confine dans la peur d’un virus inconnu, un écrivain-reporter se rend sur le terrain à la rencontre de femmes, d’hommes et d’enfants qui n’ont pas attendu la Covid pour être malmenés par la vie, la guerre, l’exode, la pauvreté, la faim et devenir les damnés de la Terre d’aujourd’hui. Tantôt reportage de guerre, tantôt témoignage sur les plus déshérités d’entre nous. Un film percutant.

Film Une autre idée du monde - Documentaire (2021)
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Une Autre idée du monde dépasse l'entendement. Il est déraisonnable d'exister à l'heure où la modestie, le recul et le simple regard informateur du reporter devraient faire partie de la grammaire des reporters de guerre, héros invisibles qui piétinent pourtant les sols les plus dangereux du monde. Bernard-Henri Lévy sert avec sa dernière création un menu maxi best-of de toutes ses pérégrinations cinquante ans, impensable et pourtant bel et bien présent sur les écrans, disponible pour toutes les mains volontaires qui se décideraient de se lancer aveuglement dans l'aventure d'un cinéma hors du commun, naïf et prétentieux, horrifiant, où la posture de l'écrivain n'est finalement plus celle du sauveur au carnet de contacts mondiaux importants, toujours utile pour sauver le monde, mais plutôt celle de l'homme qui a été partout pour rapporter des images. La tournure du documentaire prend des allures de caprice cinématographique très personnel à partir du moment où la pandémie s'est invitée au programme et a, par la force des choses et des déplacements possibles, modifié la mission principale de l'écrivain.

Ce que l'on pensait (ou non d'ailleurs) être un état du monde actuel dans lequel nous vivons est finalement un voyage sous forme de carnet de bord, osons même le terme de vlog, où l'on se rend d'une destination à une autre sans réel lien logique, d'un conflit à un autre, pour mettre en avant un Bernard Henri-Lévy dont la crinière de plus en plus grisonnante et l'écharpe longue comme trois mètres trahissent une évidente peur de vieillir, un peur de rester à la maison et de ne plus exister sur le devant de la scène. Effectivement, on gambade moins vite et la voix de plus en plus lente et caverneuse sont peut-être le signe d'un essoufflement ou d'une absence réelle de matière. Tout le monde est en effet capable de commenter ses propres images, les influenceurs le font tous les jours, pensant être les nouvelles stars de demain.

Sauf qu'ici, Bernard-Henri Lévy va encore plus loin que d'habitude dans la mise en avant de soi, allant jusqu'à faire une leçon de morale aux enfants d'adultes manipulés par Daech, distribuer des masques à des gamins pour se protéger du covid ou tirer à l'arme automatique avec le fils du commandant Massoud. C'est sans compter ses voyages en bateau, tanks, hélicoptères. Le documentaire rassemble toutes les images "marquantes" de ses précédents documentaires comme pour asseoir, s'il le fallait encore, sa légitimité dans ses voyages à l'étranger depuis ses séjours méditatifs au Bengladesh jusqu'aux tous derniers conflits ukrainiens, nigériens, afghans, kurdes, libyens...on s'y perdrait presque. Reste toujours ce ton unique, quelques rares images d'une extrême violence qui témoignent, s'il fallait encore en douter, que la guerre se passe en effet en ce moment, dans plusieurs endroits du globe et que l'on peut, en tant qu'occidental pépère, s'en offusquer. Reste cet exercice pataud, handicapé par le covid, qui décrédibilise le sérieux de l'entreprise, tous comme ces courts instants en forme de pause où Bernard-Henri Lévy se ressource dans ce petit village français où l'on devine telle une fée, au loin, la silhouette d'Arielle Dombasle. Tout à fait sélectionnable à Cannes, la Nuit Nanarland ou l'Etrange.